Les duchés saxons, également appelés duchés Ernestins, Sächsische Herzogtümer en allemand, ou Ernestinische Herzogtümer, plusieurs anciens États de la région de Thuringe, dans le centre-est de l’Allemagne, gouvernés par des membres de la branche Ernestine de la maison de Wettin entre 1485 et 1918 ; leur territoire occupe aujourd’hui le Land (état) de Thuringe et une petite partie du nord du Land de Bavière en Allemagne.
La maison de Wettin avait accumulé des possessions en Thuringe à partir des décennies médianes du 13e siècle. Elle reçut le Pleissnerland, centré sur Altenburg, de l’empereur du Saint Empire romain germanique Frédéric II en 1243 ; gagna le landgraviat de Thuringe, avec le contrôle des régions d’Eisenach et de Gotha, en 1264, après la guerre de 1256-63 ; obtint Neustadt par mariage avec l’héritière d’Arnshaugk en 1300 ; Il acquiert Cobourg et Hildburghausen de la maison de Henneberg, et Weimar de celle d’Orlamünde, entre 1347 et 1374, et achète Saalfeld de Schwarzburg en 1389 et Weida de la maison des Vögte (avocats impériaux) en 1410-27. L’accession des Wettin à l’électorat de Saxe en 1423 donne lieu à l’utilisation du préfixe Saxe- (allemand : Sachsen-) pour leurs ramifications dynastiques en Thuringe.
Les duchés Ernestins trouvent leur origine en 1485, lorsque l’électorat de Saxe est partagé entre Ernest et Albert, les fils de l’électeur Frédéric II. Le titre d’électeur (c’est-à-dire de prince ayant le droit de participer au choix de l’empereur du Saint Empire romain germanique) fut conservé par Ernest, et par son fils Frédéric III le Sage (règne 1486-1525), qui fut le protecteur de Martin Luther. La lignée Ernestine perdit le titre électoral et une grande partie de son territoire en 1547, mais conserva Weimar (avec Iéna), Gotha, Eisenach, Saalfeld et Cobourg et récupéra plus tard Altenburg, Eisenberg (1554) et d’autres terres (dont Meiningen) en 1583. À partir de cette date et jusqu’au début du XIXe siècle, les terres des Ernestins connaissent des divisions et des regroupements successifs. Le souverain le plus remarquable de Saxe-Weimar-Eisenach est Charles Auguste (duc de 1775 à 1828), mécène des grands écrivains allemands Goethe, Herder et Schiller, sous lequel Weimar est le cœur intellectuel de l’Allemagne. Tous les duchés Ernestins adhèrent en 1807 à la Confédération du Rhin, organisée par Napoléon, et deviennent en 1815 membres souverains de la Confédération allemande.
À partir de 1826, il y avait quatre duchés : le grand-duché de Saxe-Weimar-Eisenach (Sachsen-Weimar-Eisenach) ; le duché de Saxe-Meiningen-Hildburghausen (Sachsen-Meiningen-Hildburghausen) ; le duché de Saxe-Altenburg (Sachsen-Altenburg) ; et le duché de Saxe-Coburg-Gotha (Sachsen-Coburg und Gotha). Les territoires des duchés étaient fragmentés, et dans la même région il y avait plusieurs exclaves de territoires prussiens et autres. Saxe-Meiningen-Hildburghausen se rangea du côté de l’Autriche lors de la guerre des Sept semaines (1866) ; les autres duchés se rangèrent du côté de la Prusse victorieuse. Tous ont rejoint la Confédération d’Allemagne du Nord (1867) et l’Empire allemand en 1871. Lors de la révolution allemande de 1918, tous les souverains Ernestins abdiquent et, en 1920, leurs anciennes terres sont fusionnées dans la nouvelle Thuringe, à l’exception de Cobourg, qui rejoint la Bavière.
La branche Saxe-Cobourg-Gotha est devenue aux XIXe et XXe siècles l’une des dynasties européennes les plus en vue : l’un de ses membres est devenu le premier roi de Belgique en 1831 sous le nom de Léopold Ier. Un autre, Albert, est devenu le prince consort de la reine Victoria de Grande-Bretagne en 1840, et c’est d’eux que sont descendus les cinq souverains britanniques du XXe siècle. Un troisième, Ferdinand, devint le prince consort de la reine Marie II du Portugal en 1836, et de lui descendit la dynastie royale portugaise qui régna de 1853 à 1910. Un quatrième a été choisi comme prince de Bulgarie en 1887 et a fondé une dynastie qui y a régné jusqu’en 1946.