À 18 ans, Genêt est nommé traducteur de la cour, et en 1788, il est envoyé à l’ambassade de France à Saint-Pétersbourg pour servir d’ambassadeur. Au fil du temps, Genêt est devenu désenchanté par l’ancien régime, apprenant à mépriser non seulement la monarchie française mais tous les systèmes monarchiques, y compris la Russie tsariste sous Catherine la Grande. En 1792, Catherine déclare Genêt persona non grata, qualifiant sa présence de « non seulement superflue mais même intolérable ». La même année, les Girondins prennent le pouvoir en France et nomment Genêt au poste de ministre auprès des États-Unis.
L’affaire Citizen GenêtEdit
L’affaire du citoyen Genêt a commencé en 1793 lorsqu’il a été envoyé aux États-Unis pour promouvoir le soutien américain aux guerres de la France contre l’Espagne et la Grande-Bretagne.
Genêt est arrivé à Charleston, en Caroline du Sud, sur la frégate française Embuscade le 8 avril. Au lieu de se rendre à Philadelphie, alors capitale, pour se présenter au président américain George Washington en vue d’une accréditation, Genêt reste en Caroline du Sud. Là, il fut accueilli avec enthousiasme par les habitants de Charleston, qui organisèrent une série de fêtes en son honneur.
Les objectifs de Genêt en Caroline du Sud étaient de recruter et d’armer des corsaires américains qui se joindraient aux expéditions françaises contre les Britanniques. Il a commandé quatre navires corsaires au total, dont la Republicaine, l’Anti-George, le Sans-Culotte et le Citizen Genêt. En collaboration avec le consul français Michel Ange Bernard Mangourit, Genêt organise des volontaires américains pour combattre les alliés espagnols de la Grande-Bretagne en Floride. Après avoir levé une milice, Genêt met le cap sur Philadelphie, s’arrêtant en chemin pour rallier des soutiens à la cause française et arrivant le 16 mai. Il encourage les sociétés démocrates-républicaines, mais le président Washington les dénonce et elles s’étiolent rapidement. Il a également été accueilli par la société Tammany démocrate-républicaine en 1793.
Ses actions ont mis en danger la neutralité américaine dans la guerre entre la France et la Grande-Bretagne, que Washington avait déclaré de manière pointue dans sa Proclamation de neutralité du 22 avril. Lorsque Genêt rencontra Washington, il demanda ce qui équivalait à une suspension de la neutralité américaine pour soutenir la cause de la France. Lorsque le secrétaire d’État Thomas Jefferson lui oppose un refus et l’informe que ses actions sont inacceptables, Genêt proteste. Pendant ce temps, les corsaires de Genêt capturaient des navires britanniques et sa milice se préparait à agir contre les Espagnols.
Genêt a continué à défier les souhaits du gouvernement des États-Unis, capturant des navires britanniques et les réarmant comme corsaires. Washington envoya à Genêt une lettre de plainte de 8 000 mots sur les conseils de Jefferson et Hamilton – l’une des rares situations où le fédéraliste Alexander Hamilton et le républicain Jefferson étaient d’accord. Genêt a répondu avec obstination. Le président Washington et son cabinet ont alors exigé que la France rappelle Genêt comme ambassadeur.
La Montagne, ayant pris le pouvoir en France dès janvier 1794, a émis un mandat d’arrêt contre Genêt. Genêt, sachant qu’il serait probablement envoyé à la guillotine, demande l’asile à Washington. Hamilton, le plus farouche adversaire de Genêt au sein du cabinet, convainc Washington de lui accorder l’asile aux États-Unis.
Vie ultérieureEdit
Après avoir obtenu de Washington l’asile aux États-Unis, Genêt s’installe dans l’État de New York. Le 26 juin 1808, Genêt écrit un article, « Madison as a ‘French Citizen' », pour le New York Register dans une tentative de promouvoir les perspectives de son beau-père, le vice-président sortant George Clinton, sur James Madison dans l’élection présidentielle de 1808. Notant la citoyenneté française honoraire accordée à Madison en 1792, Genêt explique que la loi sur l’embargo de 1807 avait été conçue par le secrétaire d’État Madison pour aider Napoléon à appliquer le décret de Berlin, d’autant plus que le commerce américain avec la Grande-Bretagne était plus important que celui avec la France. S’adressant à un public du nord-est, Genêt a poursuivi en disant que, à en juger par la glorification par Jefferson d’un mode de vie agricole dans ses Notes sur l’État de Virginie, l’embargo agissait également comme un moyen détourné de détruire le patrimoine commercial de la Nouvelle-Angleterre. Ainsi, les habitants de la Nouvelle-Angleterre seraient contraints de se tourner vers l’agriculture, et la domination de la Virginie sur la politique américaine se poursuivrait.