Guy Montag dans Fahrenheit 451

Guy Montag

(Cliquez sur l’infographie du personnage pour la télécharger.)

Not Your Ordinary Guy

Il a beau avoir un nom assez banal, Guy Montag n’est définitivement pas un Joe moyen. Il a des pressentiments que tout ne va pas dans son monde avant même de rencontrer Clarisse, et ses actions le montrent. D’une part, il ne dénonce pas un individu clairement renégat (Faber, qu’il a rencontré dans le parc en train de vomir de la poésie), et d’autre part, il cache des livres derrière la grille de son ventilateur depuis un certain temps déjà. Il est curieux, intelligent, et libre penseur. Tant mieux pour lui, non ?

Faux.

Dans son monde, ces traits de caractère sont tous hautement illégaux. Montag ne peut pas rester là à se féliciter d’être un individu. Dans son esprit, c’est un traître. Pire encore, c’est un traître pompier, ce qui revient essentiellement à être un flic ripoux.

Crise de la quarantaine beaucoup ?

Lorsque l’on se place du point de vue de Montag, il n’est pas étonnant qu’il rebondisse essentiellement d’une crise personnelle à l’autre pendant la majeure partie du roman.

Quel genre de crises, vous demandez-vous ? Lorsque Montag n’arrive pas à gérer la culpabilité, il commence à semer la pagaille dans son sentiment d’identité. C’est ça, la bonne vieille crise d’identité. Cela commence lorsque Clarisse lui demande s’il est heureux. Montag sent « son corps se diviser, les deux moitiés se broyant l’une sur l’autre ». Montag s’imagine que sa nouvelle moitié rebelle n’est pas du tout lui, mais en fait Clarisse. Lorsqu’il parle, il imagine qu’elle parle par sa bouche.

Plus tard, lorsque Faber se retrouve dans la tête de Montag via l’oreillette, on assiste à une plus grande confusion d’identité. Montag prend même ses distances avec ses propres mains, qui dans son esprit sont les sales coupables qui enfreignent toutes les règles. Ses mains agissent, lui non. Il s’agit, bien sûr, d’une question de culpabilité. Si Montag peut attribuer ses actions à Clarisse, à Faber ou à ses mains sales, alors il n’est pas responsable de ses crimes. C’est la défense classique « Ce n’était pas moi ! ».

L’ignorance n’est pas le bonheur

L’autre grande crise pour Montag est tout simplement de ne pas savoir. Il est malheureux, mais il ne sait pas pourquoi. Il est confus quant à sa relation avec Mildred. L’aime-t-il ? Il reste avec une vague insatisfaction dont il ne peut se défaire parce qu’il n’en connaît pas la source et qu’il est encore plus loin d’une solution. « Je vais faire quelque chose », dit-il à sa femme. « Je ne sais même pas encore quoi, mais je vais faire quelque chose de grand ». Montag se tourne donc vers les livres, persuadé qu’ils détiennent toutes les réponses. Ils vont sûrement guérir son malheur.

Pas si vite. Il s’avère que les livres ne sont en fait pas tout. Comme le souligne Beatty, ils sont contradictoires. Ils ne peuvent absolument pas détenir les réponses à la vie, ou si c’est le cas, ils ne les servent en aucun cas sur un plateau d’argent. Parce que les livres présentent tant de perspectives différentes, c’est à l’individu de ne pas se contenter de lire, mais de lire et de penser.

Bien sûr, Montag en a une petite idée au moment où il arrive chez Faber, à qui il dit :  » Je ne veux pas changer de camp et qu’on me dise simplement quoi faire. Il n’y a aucune raison de changer si je fais ça ».

Ce que Montag va vite apprendre, c’est que la sagesse est affaire d’expérience autant que d’intellect et de connaissances. Pour devenir l’homme qu’il est à la fin du roman – un homme qui se dirige vers la ville avec des pensées assez révélatrices – il doit laisser derrière lui le monde de la technologie et se diriger vers le monde de la nature ; il doit voir sa ville bombardée et se relever du sol après. Ce faisant, il fait l’expérience de la leçon même qu’il essaie d’apprendre depuis qu’il a ramassé cette bible derrière la grille du ventilateur.

Les leçons apprises

Quelle est exactement cette leçon ? Il s’agit de cycles. C’est tout ce truc du « temps de coudre, temps de récolter ». Nous en parlons davantage dans notre section « What’s Up With the Ending ? », que vous devriez très certainement consulter.

Montag a appris que la vie est composée d’un cycle de construction-destruction NON pas en le lisant dans la Bible, mais en le vivant. Il avait l’habitude de penser que le feu était destructeur ; puis il le voit comme une force positive (réchauffer, pas brûler). Il a vu des livres détruits, maintenant il les voit se reconstruire dans l’esprit de la bande de Granger. Il a vu la ville détruite, et c’est avec espoir qu’il décolle du sol et continue vers elle – pour compléter la partie création du cycle.

Il a beau avoir lu toutes ces choses dans la Bible en prenant le métro pour aller chez Faber, il ne  » comprend  » pas avant la fin de la troisième partie. C’est là que la transformation du personnage de Montag est complète. Il est maintenant un beau papillon (et bien lu).

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *