Dans la mythologie grecque, Hélène (en grec, Ἑλένη – Helénē), plus connue sous le nom d’Hélène de Sparte ou Hélène de Troie, était fille de Zeus et de Léda, épouse du roi Ménélas de Sparte et sœur de Castor, Polydeuce et Clytemnestre. Son enlèvement par Pâris a déclenché la guerre de Troie. Hélène a été décrite par Christopher Marlowe comme ayant « le visage qui a lancé mille navires. »
Vie d’Hélène
Naissance
Dans la plupart des sources, notamment l’Iliade et l’Odyssée, Hélène est la fille de Zeus et de Léda. La pièce Hélène d’Euripide, écrite à la fin du Ve siècle avant notre ère, est la source la plus ancienne à rapporter le récit le plus familier de la naissance d’Hélène : que Zeus, sous la forme d’un cygne, fut poursuivi par un aigle, et se réfugia auprès de Léda. Le cygne gagna son affection, et les deux s’accouplèrent. Léda produisit alors un œuf, duquel naquit Hélène.
Le Cypria, l’une des épopées cycliques, présente une autre variante. Hélène était la fille de Zeus et de la déesse Némésis. La date du Cypria est incertaine, mais on pense généralement qu’il préserve des traditions qui remontent au moins au septième siècle avant notre ère. Dans le Cypria, Némésis ne souhaitait pas s’accoupler avec Zeus. Elle se transforma donc en divers animaux pour tenter de fuir Zeus, pour finalement devenir une oie. Zeus se transforma également en oie et s’accoupla avec Némésis, qui produisit un œuf duquel naquit Hélène. Dans la comédie Némésis de Cratinus, datant du Ve siècle, on dit à Léda de s’asseoir sur un œuf pour qu’il éclose, et il s’agit sans doute de l’œuf produit par Némésis. Asclépiade et Pseudo-Eratosthène ont raconté une histoire similaire, sauf que Zeus et Némésis sont devenus des cygnes au lieu d’oies. Timothy Gantz a suggéré que la tradition selon laquelle Zeus est venu à Léda sous la forme d’un cygne dérive de la version dans laquelle Zeus et Némésis se sont transformés en oiseaux.
Enlèvement par Thésée
Deux Athéniens, Thésée et Pirithous, se sont engagés à épouser des filles de Zeus. Thésée choisit Hélène, et Pirithous fit le vœu d’épouser Perséphone, la femme d’Hadès. Thésée et Pirithous enlevèrent Hélène et la laissèrent avec la mère de Thésée, Aethra, pendant qu’ils se rendaient aux Enfers, le domaine d’Hadès, pour enlever Perséphone. Hadès prétendit leur offrir l’hospitalité et organisa un festin. Dès que le couple s’est assis, des serpents se sont enroulés autour de leurs pieds et les ont retenus. Hélène fut par la suite sauvée par ses frères, Castor et Pollux, qui la ramenèrent à Sparte.
Dans la plupart des récits de cet événement, Hélène était assez jeune ; Hellanicus de Lesbos dit qu’elle avait sept ans et Diodore en fait dix ans. D’autre part, Stésichore dit qu’Iphigénie était la fille de Thésée et d’Hélène, ce qui implique évidemment qu’Hélène était en âge de procréer. Dans la plupart des sources, bien sûr, Iphigénie est la fille d’Agamemnon et de Clytemnestre, mais Duris de Samos et d’autres auteurs ont suivi le récit de Stésichore.
Mariage avec Ménélas
Quand le moment fut venu pour Hélène de se marier, de nombreux rois et princes du monde entier vinrent chercher sa main ou envoyèrent des émissaires pour le faire en leur nom. Parmi les prétendants figuraient Ulysse, Ménesthée, Ajax le Grand, Patrocle, Idoménée, Ménélas et Agamemnon, ces deux derniers étant en exil, ayant fui Thyeste. Tous, sauf Ulysse, apportaient avec eux de nombreux et riches cadeaux.
Son père, Tyndareus, ne voulait pas choisir de prétendant, ni en renvoyer aucun, de peur de les offenser et de donner un motif de querelle. Ulysse promet de résoudre le problème si Tyndareus le soutient dans sa cour auprès de Pénélope, la fille d’Icarius. Tyndareus accepta volontiers et Ulysse proposa qu’avant que la décision ne soit prise, tous les prétendants prêtent le serment le plus solennel de défendre l’époux choisi contre quiconque se disputerait avec lui. Ce stratagème réussit et Hélène et Ménélas se marièrent. Après la mort de Tyndareus, Ménélas devint roi de Sparte car les seuls héritiers mâles, Castor et Pollux, étaient morts et montés dans l’Olympe.
Séduction par Pâris
Quelques années plus tard, Pâris, un prince troyen, vint à Sparte pour épouser Hélène, à laquelle il avait été promis par Aphrodite après l’avoir choisie comme la plus belle des déesses, s’attirant la colère d’Athéna et d’Héra. Certaines sources affirment qu’Hélène a volontairement laissé derrière elle son mari Ménélas et Hermione, leur fille de neuf ans, pour rejoindre Pâris, mais, comme Aphrodite a promis Hélène à Pâris, il existe une certaine ambiguïté quant à la volonté d’Hélène de partir ou non. Certains chercheurs ont soutenu que l’enlèvement d’Hélène par Pâris était en fait un viol (qualifié d’enlèvement selon le sens antique du mot raptus). Des sources allant d’Hérodote à la culture matérielle soutiennent ce point de vue. Les vases antiques représentent à la fois l’Hélène impudique qui se rendait de son plein gré à Troie et des récits d’enlèvement dans lesquels Hélène est prise de force.
La relation d’Hélène avec Pâris varie selon la source du récit. Dans certaines, elle l’aimait tendrement (peut-être provoquée par Aphrodite, qui l’avait promise à Pâris). Dans d’autres, elle est dépeinte comme sa captive malgré elle à Troie, ou comme une femme cruelle et égoïste qui apportait le désastre à tous ceux qui l’entouraient, et elle le détestait. Dans la version utilisée par Euripide dans sa pièce Hélène, Hermès a façonné un portrait d’elle à partir de nuages à la demande de Zeus, et Hélène n’est même jamais allée à Troie, ayant passé toute la guerre en Égypte.
Chute de Troie
Lorsqu’il découvrit que sa femme avait disparu, Ménélas appela tous les autres prétendants à remplir leurs serments, ce qui marqua le début de la guerre de Troie. Presque toute la Grèce y prit part, soit en attaquant Troie avec Ménélas, soit en la défendant contre eux.
Ménélas avait exigé que lui seul tue sa femme infidèle ; mais, lorsqu’il leva son épée pour le faire, elle laissa tomber sa robe de ses épaules, et la vue de sa beauté lui fit lâcher l’épée de sa main.
Hérodote
Hérodote propose un récit différent dans lequel Hélène n’est jamais arrivée à Troie. Dans ce récit, Pâris a été contraint de s’arrêter en Égypte sur le chemin du retour. Là, ses serviteurs ont raconté aux Égyptiens que Pâris avait enlevé la femme de Ménélas, qui avait offert l’hospitalité à Pâris. Les Égyptiens grondèrent Pâris et l’informèrent qu’ils confisquaient tous les trésors qu’il avait volés (y compris Hélène) jusqu’à ce que Ménélas vienne les réclamer et que Pâris avait trois jours pour quitter leurs côtes.
Destin
Hélène retourna à Sparte et vécut un temps avec Ménélas, où elle fut rencontrée par Télémaque dans L’Odyssée. Selon une autre version, utilisée par Euripide dans sa pièce Oreste, Hélène avait alors depuis longtemps quitté le monde des mortels, ayant été emmenée dans l’Olympe presque immédiatement après le retour de Ménélas.
Selon Pausanias le géographe (3.19.10.):
« Le récit des Rhodiens est différent. Ils disent que lorsque Ménélas était mort, et Oreste encore vagabond, Hélène fut chassée par Nicostrate et Mégapenthès et vint à Rhodes, où elle avait une amie en Polyxo, l’épouse de Tlépolème. Pour Polyxo, ils disent, était un Argive par la descente, et quand elle était déjà mariée à Tlepolemus a partagé sa fuite à Rhodes. Elle était alors reine de l’île, ayant été laissée avec un garçon orphelin. On raconte que ce Polyxo désirait venger la mort de Tlepolemus sur Hélène, maintenant qu’elle l’avait en son pouvoir. Elle envoya donc contre elle, pendant qu’elle se baignait, des servantes déguisées en Furies, qui s’emparèrent d’Hélène et la pendirent à un arbre, et c’est pour cette raison que les Rhodiens ont un sanctuaire d’Hélène de l’Arbre. »
Télépolemus était un fils d’Héraclès et d’Astyoche. Astyoche était une fille de Phylas, roi d’Éphyre qui fut tué par Héraclès. Tlepolemus a été tué par Sarpédon le premier jour des combats dans l’Iliade. Nicostrate était un fils de Ménélas par sa concubine Pieris, une esclave aetolienne. Megapenthes était un fils de Ménélas par sa concubine Tereis, sans autre origine.
Dans le simonianisme, on enseignait qu’Hélène de Troie était l’une des incarnations de l’Ennoia sous forme humaine.
Etymologie
Hélène ou Helene est probablement dérivé du mot grec signifiant « torche » ou « corposant » ou pourrait être lié à « sélène » signifiant « lune ».
S’il a une étymologie indo-européenne, il s’agit peut-être d’une forme suffixée d’une racine *wel- « tourner, rouler » ou « couvrir, enfermer » (comparer Varuna, Veles), ou de *sel- « couler, courir ». Cette dernière possibilité permettrait une comparaison avec Saraṇyū védique, qui est enlevée dans RV 10.17.2, un parallèle suggestif d’un mythe d’enlèvement proto-indo-asiatique.
Le nom n’a en tout cas aucun rapport avec Hellènes, comme on le prétend parfois (« Hellènes » venant de la racine *sed- « s’asseoir, s’installer »).
Les prétendants d’Hélène
Plusieurs listes de ses prétendants ont été dressées, puisque les prétendants d’Hélène seront plus tard les héros de la guerre de Troie. Celle-ci est due à Apollodore :
Odysseus, fils de Laertes ;
Diomède, fils de Tydée ;
Antiloque, fils de Nestor ;
Agapénor, fils d’Ancaeus ;
Sthénélus, fils de Capanée ;
Amphimaque, fils de Ctéatus ;
Thalpius, fils d’Eurytus ;
Meges, fils de Phyléus ;
Amphilochus, fils d’Amphiaraus ;
Menestheus, fils de Peteos ;
Schedius et Epistrophus, fils d’Iphitus ;
Polyxène, fils d’Agasthène ;
Peneleos, fils d’Hippalcimus ;
Leitus, fils d’Alector ;
Ajax, fils d’Oileus ;
Ascalaphus et Ialmenus, fils d’Arès ;
Elephenor, fils de Chalcodon ;
Eumelus, fils d’Admète ;
Polypoetes, fils de Perithous ;
Leonteus, fils de Coronus ;
Podalirius et Machaon, fils d’Esculape ;
Philoctetes, fils de Poeas ;
Eurypyle, fils d’Evaemon ;
Protesilaus, fils d’Iphiclus ;
Menelaus, fils d’Atreus ;
Ajax et Teucer, fils de Telamon ;
Patroclus, fils de Menoetius.
Cette liste n’est pas complète ; Apollodore mentionne plus tôt Cinyras roi de Chypre et Enarophorus et mentionne plus tard Idoménée roi de Crète. Une autre liste a été dressée par Hésiode et, plus tard, par Hyginus.
Médias
- La vie privée d’Hélène de Troie, un premier film muet.
- En 1928, Richard Strauss écrit l’opéra allemand Die ägyptische Helena, L’Hélène égyptienne, qui raconte les déboires d’Hélène et de Ménélas lorsqu’ils sont abandonnés sur une île mythique.
Culture moderne
- Inspiré par la réplique « Was this the face that launched a thousand ships… ? » de la pièce de Marlowe The Tragical History of Doctor Faustus, Isaac Asimov a inventé de manière plaisante l’unité millihelen pour désigner la quantité de beauté qui peut lancer un navire.
- Le poète moderniste H.D. a écrit un poème épique Hélène en Égypte du point de vue d’Hélène.
Voir aussi
- Simon Mage et Ennoia
Notes
- Iliade 3.199, 418, 426 ; Odyssée 4.184, 219 ; 23.218.
- Euripide, Hélène 16-21, 257-59.
- Cypria, fr. 9 PEG.
- Athénée 8.334b-d, citant la Cypria ; Cypria, fr. 10 PEG.
- Cratinus fr. 115 PCG ; voir Gantz p. 320 sur ce fragment.
- Asclépiades 12F11, Pseudo-Eratosthène Catast. 25.
- Gantz, p. 320.
- Les comptes rendus les plus complets de ce récit sont donnés par Apollodore, Diodore 4.63.1-3, et Plutarque, Thésée 31-34.
- Hellanicus 4F134 ; Diodore 4.63.1-3.
- Stesichorus, fr. 191 PMG.
- Gantz, pp. 289, 291.
- Derrière le nom Retrouvé le 24 mai 2008.
- Dictionnaire American Heritage : Racines indo-européennes : wel₂. Consulté le 3 juillet 2006.
- Apollodore, Bibliothèque 3.10.8
- Apollodore, Epitome 3.9.
- Apollodore, Epitome 3.13.
- L’humanisme d’Isaac Asimov Consulté le 24 mai 2008.
- H.D. « Hélène en Égypte » Consulté le 24 mai 2008.
- Cicéron, Marcus Tullius. De inventione. Cambridge : Harvard University Press, 1949. ISBN 9780674994256
- Lactantius Placidus. Commentarii in Statii Thebaida. Stuttgart : Teubner, 1994. ISBN 9783815418239
- Servius. Dans Enéide I.526, XI.262 OCLC 23987248
Tous les liens ont été récupérés le 13 décembre 2017.
- Hélène de Troie – Héroïne ou déesse ?
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Crédits
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