Description
Une femme de 68 ans ayant un historique de tabagisme de 25,5 paquets/an a consulté aux urgences pour une douleur aiguë au bassin et une douleur lombaire oppressante. Les symptômes avaient débuté 6 mois plus tôt par des douleurs légères des membres inférieurs, une claudication intermittente et une hypoesthésie. Deux mois plus tôt, une échographie Doppler veineuse avait été réalisée avec des résultats normaux. Lors de l’examen physique aux urgences, aucune mention n’a été faite concernant les pouls des membres inférieurs. Le patient ne consommait pas de médicaments et ne signalait pas d’antécédents de diabète ou d’hyperlipidémie.
En raison des caractéristiques de la douleur, un scanner abdominal avec contraste intraveineux et oral a été réalisé. La tomographie a révélé une occlusion complète de l’aorte abdominale infrarénale étendue aux artères iliaques externes communes et proximales. Les artères iliaques distales étaient perfusées par une circulation collatérale lombaire et de la paroi abdominale (figure 1). Un doppler artériel complémentaire a été réalisé, mettant en évidence des formes d’onde « tardus parvus » dans les artères iliaques distales (figure 2). Avec le diagnostic de maladie occlusive aorto-iliaque, le patient a été référé à une autre institution pour le traitement.
Les reconstructions tomographiques coronales en phase artérielle montrent (A) une occlusion complète de l’aorte abdominale infrarénale (flèche fine). Quelques plaques d’athérome sont représentées en distal du segment occlus. Les artères iliaques externes (flèches épaisses) sont perfusées par des collatérales. (B) De solides anastomoses sont observées entre les artères épigastriques inférieures et supérieures (flèche fine). Une circulation collatérale importante est détectée dans les artères épigastriques inférieures (flèche épaisse).
La forme d’onde Doppler des artères iliaques externes droite et gauche révèle une diminution des vitesses systoliques, une augmentation des temps d’accélération et une vasodilatation périphérique. Ce schéma est appelé » tardus parvus » et indique la présence d’une obstruction proximale cliniquement significative.
La maladie occlusive aorto-iliaque, également connue sous le nom de syndrome de Leriche, est une maladie athérosclérotique progressive qui affecte l’aorte abdominale et les artères iliaques. Les facteurs de risque sont l’hypertension, l’hyperglycémie, l’hyperlipidémie, la nicotine, l’âge, le sexe et les antécédents familiaux. La présentation clinique classique est une claudication bilatérale des fesses, une diminution des pouls fémoraux et un dysfonctionnement sexuel.1
Comme l’occlusion se produit progressivement, les voies collatérales efficaces ont le temps de se développer. La circulation collatérale provient des vaisseaux systémiques ou viscéraux. La voie systémique la plus courante recueille le flux des artères lombaires, iliolombaires, sacrées et épigastriques inférieures pour nourrir les branches ascendantes des artères iliaques circonflexes profondes, reconstituant la perméabilité des artères iliaques externes. La voie viscérale essentielle dérive le flux de l’artère mésentérique supérieure distale vers les branches de l’artère mésentérique inférieure. Les collatérales de l’artère mésentérique supérieure peuvent également s’anastomoser avec le plexus rectal pour nourrir l’artère iliaque interne.2
Le diagnostic de la maladie occlusive de l’aorte iliaque est réalisé par angiographie CT ou par angiographie conventionnelle. Les images angiographiques permettent de définir le site de l’obstruction, sa longueur, la circulation collatérale et la perméabilité distale.2 La découverte d’une forme d’onde « tardus parvus » dans l’échographie Doppler artérielle lors de l’évaluation des artères fémorales communes ou des artères iliaques externes indique une obstruction proximale grave, ce qui rend nécessaire la réalisation d’études angiographiques pour exclure la maladie occlusive aorto-iliaque.3 L’échographie Doppler veineuse n’a aucune application dans le diagnostic de la maladie artérielle.
Le traitement qui a montré de meilleurs résultats à long terme est le pontage aortobifémoral. Au cours des deux dernières décennies, la mise en œuvre de techniques endovasculaires pour reperfuser les artères occluses a montré des résultats supérieurs, réduisant le temps chirurgical, la morbidité et la mortalité. La technique de reconstruction endovasculaire couverte de la bifurcation aortique utilise une approche endovasculaire pour placer trois stents couverts dans la bifurcation aortique. Cette technique a démontré sa supériorité à court terme par rapport aux greffes aortobifémorales traditionnelles, en soulignant que la première permet de traiter des patients présentant plus de comorbidités et une sténose plus complexe.4 Le taux de survie des patients atteints de maladie occlusive aorto-iliaque est déterminé par le succès chirurgical, la perméabilité à long terme du greffon, le contrôle des facteurs de risque et l’arrêt de la consommation de tabac, entre autres5.
Points d’apprentissage
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La maladie occlusive aorto-iliaque a une progression lente, ce qui permet le développement de voies collatérales efficaces, ayant pour conséquence le développement de symptômes légers et insidieux.
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Lorsqu’une artériopathie oblitérante des membres inférieurs est suspectée, il est essentiel d’évaluer les pouls fémoraux et tibiaux lors de l’examen physique.
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Considérez que l’angiographie par tomodensitométrie et le Doppler artériel sont disponibles dans la plupart des services d’urgence, ce qui permet un diagnostic rapide et précis.
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