Malgré le fait qu’il s’agisse de l’un des sites les plus importants de l’histoire anglaise, les archéologues n’ont pas encore réussi à le trouver. Mais aujourd’hui, de nouvelles preuves sont apparues…
Les ruines de l’église et les bâtiments monastiques qui se dressent encore aujourd’hui sur l’île ne sont pas anglo-saxons ; ce sont les vestiges du nouveau prieuré construit sur l’île à la fin du 11e siècle par les moines de Durham. Où se trouve donc le monastère d’origine ? Et que lui est-il arrivé après l’attaque ?
Tout ce que l’on sait de sa survie, ce sont quelques monuments en pierre sculptée de date anglo-saxonne, qui ont été trouvés par des archéologues déblayant certains des gravats effondrés des ruines du prieuré à la fin du 19e et au début du 20e siècle.
Ces sculptures comprennent des marqueurs funéraires et des croix en pierre, dont l’emblématique » pierre de bataille » qui, selon beaucoup, représente l’attaque des Vikings. Leur présence près des ruines plus tardives suggère que le monastère d’Oswald et Cuthbert doit se trouver à proximité, mais au cours des cent dernières années, les archéologues et les antiquaires ont essayé de rentrer dans ses vestiges. Jusqu’à présent, peu de choses ont été trouvées.
Peut-être alors qu’une grande partie ne se trouve pas sous les ruines ultérieures, mais sous le village moderne. Des indices de bâtiments anglo-saxons ont en effet été trouvés à plusieurs endroits du village. Malheureusement, ils ont surtout été mis en évidence lors de fouilles à petite échelle réalisées en amont de travaux de construction. La petite taille de ces fouilles ne nous a permis que d’infimes aperçus du monde du Lindisfarne médiéval précoce.
Néanmoins, elles nous indiquent qu’il y avait une sorte d’activité médiévale précoce au-delà des limites du prieuré médiéval ultérieur. Ce n’est pas surprenant, car les premiers monastères étaient répartis sur une zone beaucoup plus grande que les monastères ultérieurs que nous connaissons mieux.
Mais il y a aussi d’autres endroits sur l’île qui pourraient avoir été le site d’une activité des premiers moines. Le premier est une série de légers remblais qui se trouvent sur le rocher surplombant le prieuré, connu sous le nom de Heugh. L’un d’entre eux a été fouillé par le pionnier des fouilles, Brian Hope-Taylor. Bien que l’excavation n’ait donné lieu à aucune découverte, Hope-Taylor a suggéré qu’il pourrait s’agir d’une église, bien que nous ne puissions pas en être sûrs à moins de la réexcaver.
Ailleurs, il existe d’autres indicateurs d’une présence précoce – sur un rocher juste au nord du château de Lindisfarne se trouve une petite croix en pierre, sculptée dans la roche vivante. Celle-ci est couverte de lichen et difficile à voir, mais elle date presque certainement de la période anglo-saxonne et pourrait marquer l’emplacement d’un petit sanctuaire ou d’un lieu saint.
Le seul site médiéval précoce qui a été correctement fouillé à Lindisfarne est la petite ferme de Green Shiel, au nord de l’île. Dans les années 1990, des archéologues ont mis au jour les restes de plusieurs longues maisons en pierre qui abritaient probablement les hommes et les femmes qui travaillaient dans cette partie de Lindisfarne. Parmi les découvertes, on trouve de nombreux os de veau. La peau de veau était utilisée pour les premiers livres et manuscrits ; cela montre-t-il que le monastère fabriquait son propre parchemin ? Les chercheurs ont également trouvé une lance et plusieurs pièces de monnaie, qui ont permis de dater l’établissement.
Les nouvelles preuves
Il est surprenant de penser qu’un site aussi important n’a pas encore été découvert. Au cours des dernières années, des archéologues de l’université de Durham financés par le National Geographic ont entrepris de réaliser une étude géophysique des champs entourant le village.
Il se trouve que cette étude a permis d’identifier une série d’éléments pouvant se rapporter au monastère anglo-saxon, signalant deux emplacements possibles ; l’un à l’est de l’église du prieuré en ruines, et l’autre à l’ouest du village dans un champ surplombant la terre ferme. Il est maintenant temps d’étudier ces caractéristiques et de tenter de rentrer dans ce qui survit du monastère de Cuthbert.