Pourquoi les personnes déprimées restent-elles au lit ?

Si vous avez personnellement souffert de dépression ou connu quelqu’un qui en a souffert, vous savez que lorsque les gens sont vraiment déprimés, ils ont une forte envie de rester au lit.

Pourquoi les personnes déprimées restent-elles au lit ? Ce n’est pas à cause de grands moments de câlins sous les couvertures. C’est parce que les personnes déprimées ne peuvent pas se résoudre à sortir du lit. Presque toutes les activités ou tâches deviennent une épreuve douloureuse, même des choses aussi simples que prendre une douche ou s’habiller. Une personne parfaitement valide ne peut même pas se résoudre à se lever du lit. Comment cela se produit-il ?

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La réponse intuitive est qu’un manque de motivation est à blâmer. Les personnes déprimées sont sans direction parce qu’elles ne sont pas suffisamment engagées dans des objectifs. Sans objectifs pour conduire le comportement futur, le comportement actuel se fige pendant de longues périodes. Les lits sont l’endroit le plus naturel pour une pause comportementale, car c’est l’endroit de la maison le plus associé à l’inactivité.

La réponse intuitive est correcte dans la mesure où elle va. Le problème est qu’elle ne va tout simplement pas très loin. Elle soulève la question de savoir comment une personne perd le désir de poursuivre des objectifs en premier lieu. La réponse implique une théorie surprenante qui nous rapproche de la compréhension de la façon dont les humeurs basses s’intensifient en épisodes plus graves de dépression.

D’abord, nous devons faire un détour par la psychologie évolutionniste contemporaine, qui nous dit que les humeurs ont une fonction : Les humeurs nous aident à poursuivre des objectifs de manière efficace. Les humeurs élevées nous aident à poursuivre plus vigoureusement les récompenses. Les humeurs basses nous indiquent que nous ne progressons pas vers nos objectifs. Souvent, les humeurs basses apparaissent lorsque nous rencontrons un obstacle ou lorsqu’un objectif important est menacé. Notre première réaction habituelle face à une mauvaise humeur est de redoubler d’efforts pour atteindre l’objectif bloqué. Si l’objectif s’avère toujours inaccessible, la déprime s’intensifie. À un moment donné, il faut que quelque chose cède : En général, la personne abandonne, ou réduit son objectif et/ou passe à une autre activité plus rentable. Des auteurs tels que Randolph Nesse et Eric Klinger ont défendu avec force l’utilité de la mauvaise humeur. Dans un monde où le temps, les ressources et l’effort lui-même sont tous précieux et finis, avoir un mécanisme évolué pour accélérer le désengagement d’un objectif qui échoue est très important pour la survie.

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Ces relations entre les humeurs, l’objectif et l’effort tiennent pour une variété d’espèces. Un ours pêchant des saumons sans chance dans un coude de rivière préféré utilise une humeur basse pour l’aider à se déplacer vers un autre endroit. Pour le meilleur ou pour le pire, l’autorégulation humaine est plus compliquée car nous pouvons choisir d’agir ou de ne pas agir en fonction de notre humeur. Je pense que l’être humain est la seule espèce qui peut décider d’ignorer les humeurs négatives et de poursuivre un objectif inatteignable. Dans un sens, cela crée le potentiel d’une impasse entre la personne et son ancien système d’humeur. Pour résoudre cette impasse, le système d’humeur doit faire quelque chose de plus radical : il baisse le volume de la poursuite des objectifs, non seulement de l’objectif en question, mais de tous les objectifs. Finalement, lorsque le système d’humeur l’emporte, le résultat est une dépression à plat sur le dos, avec fatigue, torpeur, manque de motivation, tout le toutim.

Cette théorie alternative renverse l’explication standard. Les personnes dépressives ne finissent pas par être couchées au lit parce qu’elles ne sont pas assez engagées dans leurs objectifs. Elles finissent par s’allonger au lit parce qu’elles sont trop engagées dans des objectifs qui échouent gravement. L’idée selon laquelle les personnes dépressives ne peuvent pas se désengager de l’échec est une théorie relativement nouvelle. Elle n’a pas été beaucoup testée dans des études de recherche. Cependant, cette idée mérite d’être explorée. Elle correspond bien, d’un point de vue clinique, aux types de situations qui précipitent souvent une dépression grave – la femme battue qui ne peut se résoudre à quitter son mariage en difficulté, l’athlète gravement blessé qui ne peut se résoudre à prendre sa retraite, l’employé licencié qui ne peut se résoudre à abandonner la carrière qu’il a choisie malgré le manque de postes dans sa branche. Voir ces dépressions en termes d’objectifs inatteignables peut être utile sur le plan clinique et nous aider à mieux comprendre comment des baisses d’humeur ordinaires peuvent dégénérer en accès de dépression invalidants.

Jonathan Rottenberg est l’auteur de The Depths : The Evolutionary Origins of the Depression Epidemic, disponible là où les livres sont vendus.

L’essentiel

  • Qu’est-ce que la dépression ?
  • Trouver un thérapeute pour surmonter la dépression

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