L’estomac de pastèque (WMS), ou ectasie vasculaire antrale gastrique, est une cause peu fréquente mais cliniquement importante de pertes sanguines gastro-intestinales (GI) chroniques occultes ou manifestes. Les patients présentent généralement une anémie symptomatique et des selles hémoccultes positives. Bien que le diagnostic repose principalement sur l’aspect endoscopique typique, la lésion peut passer inaperçue lors de l’évaluation initiale ou être interprétée comme une « gastrite ». La biopsie gastrique peut être utile pour confirmer le diagnostic en montrant une ectasie vasculaire, généralement sans inflammation. Le WMS est idiopathique mais est souvent associé à des maladies auto-immunes ou à une cirrhose du foie. La majorité des patients atteints de WMS classique sont âgés et de sexe féminin. En revanche, il n’y a pas de prédominance de sexe avec le modèle diffus associé à la cirrhose. Les soins de soutien généraux comprennent la transfusion de produits sanguins si nécessaire pour contrôler l’anémie symptomatique et la coagulopathie, une thérapie de remplacement du fer par voie orale ou parentérale, l’identification et le traitement de la coagulopathie iatrogène (par exemple, warfarine) ou héréditaire (par exemple, maladie de von Willebrand), et l’évitement des substances qui pourraient causer des dommages à la muqueuse gastrique et/ou des saignements (par exemple, aspirine, AINS, alcool). Les objectifs du traitement sont d’éliminer ou de réduire le besoin de transfusions sanguines, d’hospitalisation, de visites au cabinet et de séances de thérapie endoscopique visant à mettre fin aux pertes sanguines gastro-intestinales et à résoudre l’anémie symptomatique. L’électrocoagulation multipolaire est notre technique préférée pour l’ablation endoscopique du WMS. Une sonde de 10 Fr (3,2 mm de diamètre) est utilisée avec un générateur réglé entre 12 et 16 W. La durée de l’impulsion peut être aussi brève que 1 à 2 secondes si l’on utilise une technique de coagulation ponctuelle, ou continue si l’on utilise une technique de type « coup de pinceau » pour coaguler toutes les stries vasculaires dans le cas d’un WMS classique ou autant de petites lésions que possible dans le cas d’un WMS diffus. Les autres techniques que nous utilisons actuellement sont la coagulation par plasma d’argon (APC) ou la sonde chauffante. Dans le passé, les lasers (néodyme : yttrium-aluminium-grenat, KTP ou argon) ont été utilisés avec succès pour ces traitements. Un intervalle de traitement initial de 4 à 8 semaines devrait permettre la guérison provisoire des ulcères iatrogènes. Les patients reçoivent systématiquement des doses standard d’inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) disponibles afin de faciliter la guérison des ulcères iatrogènes et de prévenir les hémorragies secondaires. L’intervalle de traitement peut être progressivement allongé à mesure que les objectifs à long terme d’oblitération des angiomes et de résolution de l’anémie sont atteints. Les effets secondaires peuvent inclure des ulcérations iatrogènes au site de traitement, des saignements et des douleurs abdominales transitoires. Des cicatrices antrales (après APC ou laser Nd:YAG) et des polypes hyperplasiques ont également été signalés après le traitement endoscopique du WMS classique. L’antrectomie chirurgicale est très efficace dans la prévention des saignements mais présente une mortalité substantielle (5 % à 10 %) chez les patients âgés avec comorbidité et est désormais réservée aux échecs endoscopiques.