Les frères Lumière ont sorti la première projection avec le Cinématographe, à Paris, le 28 décembre 1895. L’industrie cinématographique française de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle est la plus importante du monde. Auguste et Louis Lumière ont inventé le cinématographe et leur film L’Arrivée d’un train en gare de La Ciotat à Paris en 1895 est considéré par de nombreux historiens comme la naissance officielle du cinématographe. Les films français de cette période s’adressaient à une classe moyenne croissante et étaient principalement projetés dans les cafés et les foires itinérantes.
Les premiers jours de l’industrie, de 1896 à 1902, ont vu la domination de quatre entreprises : Pathé Frères, la Gaumont Film Company, la société Georges Méliès et les Lumières. Méliès a inventé de nombreuses techniques de la grammaire cinématographique, et parmi ses courts sujets fantastiques et surréalistes figure le premier film de science-fiction Un voyage dans la Lune (A Trip to the Moon) en 1902.
En 1902, les Lumières ont tout abandonné sauf la production de pellicules, laissant Méliès comme le joueur le plus faible des trois autres. (Il prendra sa retraite en 1914.) De 1904 à 1911, la société Pathé Frères est le leader mondial de la production et de la distribution de films.
A la Gaumont, la pionnière Alice Guy-Blaché (ancienne secrétaire de M. Gaumont) est nommée chef de production et supervise environ 400 films, de son premier, La Fée aux Choux, en 1896, à 1906. Elle poursuit ensuite sa carrière aux États-Unis, tout comme Maurice Tourneur et Léonce Perret après la Première Guerre mondiale.
En 1907, Gaumont possède et exploite le plus grand studio de cinéma du monde et, parallèlement à l’essor de la construction de « cinémas de luxe » comme le Gaumont-Palace et le Pathé-Palace (tous deux en 1911), le cinéma devient un concurrent économique du théâtre dès 1914.
Après la Première Guerre mondiale
Après la Première Guerre mondiale, l’industrie cinématographique française a souffert d’un manque de capitaux, et la production de films a diminué comme dans la plupart des autres pays européens. Cela a permis à l’industrie cinématographique des États-Unis d’entrer sur le marché européen du cinéma, car les films américains pouvaient être vendus à un prix plus bas que les productions européennes, puisque les studios avaient déjà récupéré leurs coûts sur le marché national. Lorsque les studios de cinéma européens ont commencé à faire faillite, de nombreux pays européens ont commencé à mettre en place des barrières à l’importation. La France a installé un quota d’importation de 1:7, ce qui signifie que pour sept films étrangers importés en France, un film français devait être produit et diffusé dans les cinémas français.
Pendant la période entre la Première et la Deuxième Guerre mondiale, Jacques Feyder et Jean Vigo sont devenus deux des fondateurs du réalisme poétique dans le cinéma français. Ils ont également dominé le cinéma impressionniste français, avec Abel Gance, Germaine Dulac et Jean Epstein.
En 1931, Marcel Pagnol tourne le premier de sa grande trilogie Marius, Fanny et César. Il enchaîne avec d’autres films dont La femme du boulanger. Parmi les autres films notables des années 30, citons Sous les toits de Paris de René Clair (1930), L’Atalante de Jean Vigo (1934), Carnaval en Flandre de Jacques Feyder (1935) et La belle équipe de Julien Duvivier (1936). En 1935, le célèbre dramaturge et acteur Sacha Guitry réalise son premier film, puis plus de 30 films précurseurs de la Nouvelle Vague. En 1937, Jean Renoir, fils du peintre Pierre-Auguste Renoir, réalise La Grande Illusion. En 1939, Renoir réalise La Règle du Jeu. Plusieurs critiques ont cité ce film comme l’un des plus grands de tous les temps, notamment pour son travail de caméra, sa cinématographie et son montage sonore innovants.
Les Enfants du Paradis de Marcel Carné a été tourné pendant la Seconde Guerre mondiale et est sorti en 1945. Ce film de trois heures a été extrêmement difficile à réaliser en raison de l’occupation nazie. Se déroulant à Paris en 1828, il a été élu meilleur film français du siècle lors d’un sondage réalisé auprès de 600 critiques et professionnels français à la fin des années 1990.
Après la Seconde Guerre mondialeEdit
Années 1940-1970Edit
Dans la revue Cahiers du cinéma, fondée par André Bazin et deux autres écrivains en 1951, les critiques de cinéma ont élevé le niveau de discussion sur le cinéma, fournissant une plateforme pour la naissance de la théorie moderne du cinéma. Plusieurs des critiques des Cahiers, dont Jean-Luc Godard, François Truffaut, Claude Chabrol, Jacques Rivette et Éric Rohmer, ont fait eux-mêmes des films, créant ce qui allait être connu sous le nom de Nouvelle Vague française. Parmi les premiers films de ce nouveau mouvement, citons À bout de souffle (1960) de Godard, avec Jean-Paul Belmondo, Paris nous appartient (1958 – distribué en 1961) de Rivette, avec Jean-Claude Brialy, et Les Quatre Cent Coups (1959) de Truffaut, avec Jean-Pierre Léaud. Les œuvres suivantes sont le Mépris (1963) de Godard avec Brigitte Bardot et Michel Piccoli et Baisers volés avec Léaud et Claude Jade. Comme Truffaut a suivi pendant vingt ans le héros de ses débuts à l’écran, Antoine Doinel, le dernier film post-Nouvelle Vague est L’Amour en fuite dans lequel ses héros Antoine (Léaud) et Christine (Jade) divorcent.
De nombreux contemporains de Godard et Truffaut leur ont emboîté le pas, ou ont obtenu une reconnaissance critique internationale avec des styles qui leur sont propres, comme les films minimalistes de Robert Bresson et Jean-Pierre Melville, les thrillers de type hitchcockien d’Henri-Georges Clouzot, et autres films Nouvelle Vague d’Agnès Varda et Alain Resnais. Le mouvement, bien qu’il ait inspiré d’autres cinémas nationaux et qu’il ait indubitablement exercé une influence directe sur les futurs réalisateurs du Nouvel Hollywood, s’est lentement éteint à la fin des années 1960.
Pendant cette période, le cinéma commercial français s’est également fait un nom. Des comédies françaises immensément populaires avec Louis de Funès se sont hissées en tête du box-office français. La comédie de guerre La Grande Vadrouille (1966), de Gérard Oury avec Bourvil et Terry-Thomas, a été le film le plus populaire dans les salles françaises pendant plus de 30 ans. Un autre exemple est La Folie des grandeurs avec Yves Montand. Le cinéma français a également été le berceau de nombreux sous-genres du film policier, notamment le film de câpre moderne, à commencer par Rififi de 1955, du réalisateur d’origine américaine Jules Dassin, suivi d’un grand nombre de drames de casse sérieux et noirâtres ainsi que de comédies de câpre enjouées tout au long des années soixante, et le « polar », mélange typiquement français de film noir et de roman policier.
En outre, les stars du cinéma français ont commencé à revendiquer la célébrité à l’étranger comme dans leur pays. Parmi les acteurs populaires de l’époque figurent Brigitte Bardot, Alain Delon, Romy Schneider, Catherine Deneuve, Jeanne Moreau, Simone Signoret, Yves Montand, Jean-Paul Belmondo et encore Jean Gabin.
Depuis les années soixante et le début des années soixante-dix, ils sont complétés et suivis par Michel Piccoli et Philippe Noiret comme acteurs de caractère, Annie Girardot, Jean-Louis Trintignant, Jean-Pierre Léaud, Claude Jade, Isabelle Huppert, Anny Duperey, Gérard Depardieu, Patrick Dewaere, Jean-Pierre Cassel, Miou-Miou, Brigitte Fossey, Stéphane Audran et Isabelle Adjani. Au cours des années 80, ils sont rejoints par une nouvelle génération dont Sophie Marceau, Emmanuelle Béart, Jean-Hugues Anglade, Sabine Azema, Juliette Binoche et Daniel Auteuil.
Le film La Cage aux Folles, sorti en 1979, est resté à l’affiche pendant plus d’un an au Paris Theatre, un cinéma d’art et d’essai de New York, et a été un succès commercial dans les salles de cinéma de tout le pays, en milieu urbain comme en milieu rural. Il a remporté le Golden Globe Award du meilleur film en langue étrangère, et est resté pendant des années le film étranger le plus réussi à sortir aux États-Unis.
Édition des années 1980
Diva (1981) de Jean-Jacques Beineix a déclenché le début de la vague des années 1980 du cinéma français. Les films qui ont suivi dans son sillage sont notamment Betty Blue (37°2 le matin, 1986) de Beineix, Le Grand bleu (1988) de Luc Besson, et Les Amants du Pont-Neuf (1991) de Léos Carax. Ces films, réalisés dans un style commercial lisse et mettant l’accent sur l’aliénation de leurs personnages principaux, étaient connus sous le nom de Cinéma du look.
Camille Claudel, réalisé par le nouveau venu Bruno Nuytten et avec Isabelle Adjani et Gérard Depardieu, a été un grand succès commercial en 1988, ce qui a valu à Adjani, qui était également coproductrice du film, un César de la meilleure actrice. Le film de drame historique Jean de Florette (1986) et sa suite Manon des Sources (1986) figurent parmi les films français les plus rentables de l’histoire et ont apporté à Daniel Auteuil une reconnaissance internationale.
Selon Raphaël Bassan, dans son article « L’Ange : Un météore dans le ciel de l’animation », La Revue du cinéma, n° 393, avril 1984. (en français), L’Ange de Patrick Bokanowski, présenté en 1982 au Festival de Cannes, peut être considéré comme les prémices de l’animation contemporaine. Les masques effacent toute personnalité humaine chez les personnages. Patrick Bokanowski aurait ainsi un contrôle total sur la « matière » de l’image et sa composition optique. Cela est particulièrement visible tout au long du film, avec des images prises à travers des objectifs déformés ou un travail plastique sur les décors et les costumes, par exemple dans la scène du créateur. Patrick Bokanowski crée son propre univers et obéit à sa propre logique esthétique. Il nous fait traverser une série de zones déformées, de visions obscures, de métamorphoses et d’objets synthétiques. En effet, dans le film, l’humain peut être considéré comme un objet fétiche (par exemple, la poupée suspendue par un fil), en référence aux théories kafkaïennes et freudiennes sur les automates et à la peur de l’homme face à quelque chose d’aussi complexe que lui. La montée des escaliers serait la libération des idées de mort, de culture et de sexe qui nous fait atteindre la figure emblématique de l’ange.
Édition des années 1990
Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau est un grand succès au box-office en 1990, et remporte plusieurs César, dont celui du meilleur acteur pour Gérard Depardieu, ainsi qu’une nomination à l’Oscar du meilleur film étranger.
Luc Besson réalise La Femme Nikita en 1990, un film qui inspire des remakes aux États-Unis et à Hong Kong. En 1994, il réalise également Léon (avec Jean Reno et une jeune Natalie Portman), et en 1997 Le Cinquième élément, qui devient un film culte et lance la carrière de Milla Jovovich.
Jean-Pierre Jeunet réalise Delicatessen et La Cité des enfants perdus (The City of Lost Children), qui présentent tous deux un style nettement fantastique.
En 1992, Claude Sautet coécrit (avec Jacques Fieschi) et réalise Un Cœur en Hiver, considéré par beaucoup comme un chef-d’œuvre. En 1995, le film La Haine (Hate) de Mathieu Kassovitz reçoit les éloges de la critique et fait de Vincent Cassel une star, et en 1997, Juliette Binoche remporte l’Oscar du meilleur second rôle féminin pour son rôle dans Le Patient anglais.
Le succès de Kirikou et la sorcière de Michel Ocelot en 1998 rajeunit la production de longs métrages d’animation originaux par des cinéastes comme Jean-François Laguionie et Sylvain Chomet.
Édition des années 2000
En 2000, Philippe Binant réalise la première projection de cinéma numérique en Europe, avec la technologie DLP CINEMA développée par Texas Instruments, à Paris.
En 2001, après un bref passage à Hollywood, Jean-Pierre Jeunet revient en France avec Amélie (Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain) avec Audrey Tautou. Ce film est devenu le film en langue française le plus rentable jamais sorti aux États-Unis. L’année suivante, La Fraternité du loup est devenu le deuxième film francophone le plus rentable aux États-Unis depuis 1980 et a ensuite rapporté plus de 70 millions de dollars dans le monde entier.
En 2008, Marion Cotillard a remporté l’Oscar de la meilleure actrice et le BAFTA Award de la meilleure actrice dans un rôle principal pour son interprétation de la légendaire chanteuse française Édith Piaf dans La Vie en Rose, la première performance francophone à être ainsi honorée. Le film a remporté deux Oscars et quatre BAFTA et est devenu le troisième film francophone le plus rentable aux États-Unis depuis 1980. Cotillard est la première femme et la deuxième personne à remporter un Oscar et un César pour la même performance.
Au Festival de Cannes 2008, Entre les murs (The Class) remporte la Palme d’or, la 6e victoire française au festival. Les années 2000 ont également vu une augmentation du nombre de prix compétitifs individuels remportés par des artistes français au Festival de Cannes, pour la réalisation (Tony Gatlif, Exils, 2004), le scénario (Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, Look at Me, 2004), le jeu féminin (Isabelle Huppert, The Piano Teacher, 2001 ; Charlotte Gainsbourg, Antichrist, 2009) et d’interprétation masculine (Jamel Debbouze, Samy Naceri, Roschdy Zem, Sami Bouajila et Bernard Blancan, Days of Glory, 2006).
La comédie rurale Bienvenue chez les Ch’tis, en 2008, a attiré plus de 20 millions de spectateurs, le premier film français à le faire. Ses 193 millions de dollars de recettes en France le placent juste derrière Titanic comme le film le plus réussi de tous les temps dans les salles françaises.
Dans les années 2000, plusieurs réalisateurs français ont réalisé des productions internationales, souvent dans le genre action. On peut citer Gérard Pirès (Riders, 2002), Pitof (Catwoman, 2004), Jean-François Richet (Assaut sur Precinct 13, 2005), Florent Emilio Siri (Hostage, 2005), Christophe Gans (Silent Hill, 2006), Mathieu Kassovitz (Babylon A.D., 2008), Louis Leterrier (Le Transporteur, 2002 ; Transporteur 2, 2005 ; Olivier Megaton a réalisé Transporteur 3, 2008), Alexandre Aja (Mirrors, 2008), et Pierre Morel (Taken, 2009).
Surveillant l’ensemble de la création cinématographique française actuelle, Tim Palmer qualifie le cinéma contemporain en France d’une sorte d’écosystème, dans lequel le cinéma commercial coexiste avec le radicalisme artistique, les primo-réalisateurs (qui représentent environ 40 % de tous les réalisateurs français chaque année) se mêlent aux vétérans, et il émerge même occasionnellement une fascinante hybridité pop-art, dans laquelle les caractéristiques des cinémas intellectuels et de masse sont liées (comme chez des cinéastes comme Valeria Bruni-Tedeschi, Olivier Assayas, Maïwenn, Sophie Fillières, Serge Bozon, et d’autres).
Édition des années 2010
L’un des films les plus remarqués et les mieux commentés de 2010 a été le drame Des hommes et des dieux (Of Gods and Men), sur l’assassinat de sept moines à Tibhirine, en Algérie. L’année 2011 a vu la sortie de The Artist, un film muet tourné en noir et blanc par Michel Hazanavicius qui réfléchit sur la fin de l’ère du muet à Hollywood.
Le cinéma français a poursuivi sa tendance ascendante en obtenant des récompenses au Festival de Cannes, notamment le prestigieux Grand Prix pour Of Gods and Men (2010) et le Prix du jury pour Poliss (2011) ; le Prix du meilleur réalisateur pour Mathieu Amalric (On Tour, 2010) ; le Prix de la meilleure actrice pour Juliette Binoche (Certified Copy, 2010) ; et le Prix du meilleur acteur pour Jean Dujardin (The Artist, 2011).
En 2011, le film Intouchables est devenu le film le plus regardé en France (y compris les films étrangers). Après dix semaines, près de 17,5 millions de personnes avaient vu le film en France, Intouchables était le deuxième film français de tous les temps en France, et le troisième en incluant les films étrangers.
En 2012, avec 226 millions d’entrées (1 900 millions de dollars) dans le monde pour les films français (582 films sortis dans 84 pays), dont 82 millions d’entrées en France (700 millions de dollars), 2012 a été la quatrième meilleure année depuis 1985. Avec 144 millions d’entrées hors de France (1 200 millions de dollars US), 2012 a été la meilleure année depuis au moins 1994 (depuis qu’Unifrance collecte des données), et le cinéma français a atteint une part de marché de 2,95 % des entrées mondiales et de 4,86 % des ventes mondiales. Trois films ont particulièrement contribué à cette année record : Taken 2, Les Intouchables et The Artist. En 2012, les films tournés en français se sont classés au 4e rang des entrées (145 millions) derrière les films tournés en anglais (plus d’un milliard d’entrées rien qu’aux États-Unis), en hindi (? : pas de données précises mais estimé à 3 milliards pour l’ensemble Inde/langues indiennes) et en chinois (275 millions en Chine plus quelques millions à l’étranger), mais au-dessus des films tournés en coréen (115 millions d’entrées en Corée du Sud plus quelques millions à l’étranger) et en japonais (102 millions d’entrées au Japon plus quelques millions à l’étranger, un record depuis 1973 et ses 104 millions d’entrées). Les films en langue française se classent au 2e rang des exportations (hors pays francophones) après les films en anglais. 2012 est également l’année où le studio d’animation français Mac Guff a été racheté par un studio américain, Universal Pictures, via sa filiale Illumination Entertainment. Illumination Mac Guff est devenu le studio d’animation de certains des meilleurs films d’animation anglophones des années 2010, notamment The Lorax et la franchise Despicable Me.
En 2015, le cinéma français a vendu 106 millions d’entrées et a réalisé 600 millions d’euros de recettes hors du pays. Le film le plus rentable a été Taken 3 (261,7 millions d’euros) et le plus grand territoire en termes d’entrées a été la Chine (14,7 millions d’entrées).
Il s’agit de l’un des films les plus vendus au monde.